Lors d’une promenade à Neuilly, au détour d’une rue, ne vous-êtes vous jamais demandé qui était Pauline Borghèse ou Jean Mermoz ? Saviez-vous par exemple que le Commandant Charcot était un médecin et un explorateur polaire ? En lisière de Paris, Neuilly-sur-Seine est une commune empreinte d’histoire et de culture. Les plaques de rues en attestent, mettant en avant de nombreuses personnalités, liées ou non à la ville.
Mais en jetant un coup d’œil au plan de la ville de Neuilly, on remarque immédiatement que les femmes sont peu présentes sur les plaques des noms de rue. Si certaines ont brillé par leurs actions (Madeleine Michelis) ou ont marqué par leur personnalité (Pauline Borghese), quelques recherches révèlent que d’autres n’ont laissé d’elles qu’un nom sur une plaque (Angélique Vérien, Dames Augustines, ou Sainte-Foy) et sont tombées dans l’oubli le plus total.
Madeleine Michelis et Pauline Borghese : deux femmes aux destins opposés
Qui étaient Madeleine Michelis et Pauline Borghese ? Ces deux femmes qui ont donné leur nom à une rue ont passé une partie de leur existence à Neuilly. Si elles avaient vécu à la même époque, auraient-elles pu se fréquenter ? Se croiser ?
Pauline Borghese, née Pauline Bonaparte, n’est autre que la sœur préférée de Napoléon Bonaparte. Elle est surtout célèbre pour ses conquêtes amoureuses dignes d’un soap opéra.
Dès son plus jeune âge, elle est courtisée par plusieurs personnalités politiques (le duc Junot, le journaliste activiste Fréron, le général Duphot, etc.). Cela n’est apparemment pas du goût de son empereur de frère qui met fin à ses idylles et la fait venir au Château de Mombello, près de Milan. Quelques années plus tard, en 1797, obéissant à Bonaparte, elle épouse Charles Victoire Emmanuel Leclerc, l’un des meilleurs généraux de l’empire Napoléonien.
Elle suit son mari à Saint-Domingue (Haïti). Mais qui retrouve-t-elle sur place ? Son ancien amant, Fréron, que Napoléon avait nommé sous-préfet sur l’île pour l’éloigner de sa sœur. Mais Fréron meurt de la fièvre jaune, deux mois après son arrivée sur l’île. Pauline s’en remet finalement assez vite et profite de l’absence de son mari pour s’amuser avec des soldats ou des officiers. Epouse infidèle, elle soigne néanmoins son mari avec courage et abnégation lorsque celui-ci contracte à son tour la fièvre jaune. Son décès la laisse anéantie. Elle se coupe les cheveux et les place dans son cercueil, comme ultime signe d’amour.
Un an plus tard, Pauline se marie avec Camille Borghèse, un riche prince romain qui possède un palais, de vastes domaines et une belle rente. Lassée rapidement par la vie à Rome, elle rentre en France et vient habiter au château de Neuilly. Elle s’installe ensuite rue du Faubourg Saint Honoré dans l’hôtel Charost où elle vit comme une princesse puis au Petit Trianon, l’ancien hameau de Versailles.
En plus de figurer sur une plaque de rue à Neuilly-sur-Seine, Pauline Borghese a été représentée de multiples fois au cinéma et dans la littérature, et immortalisée par le sculpteur Canova en une Vénus de marbre, couchée sur un divan, et simplement vêtue d’un drap. Ce que l’on retient d’elle ? Son infidélité amoureuse constante certes, mais sa fidélité à toute épreuve à l’égard de son frère Napoléon.
Dans un tout autre registre, Neuilly met aussi à l’honneur une femme qui a marqué l’histoire de la résistance française, pendant la seconde guerre mondiale : Madeleine Michelis.
Après une enfance à Neuilly-sur-Seine et des études au Lycée Condorcet et à l’Ecole Nationale Supérieure à Paris, elle rejoint les rangs de la résistance alors qu’elle est en Normandie pour un poste de professeur de lettres classiques.
Dès le début de la guerre et jusqu’à son arrestation par la Gestapo en février 1944, Madeleine Michelis est un membre très actif du réseau Shelburn, une branche des services secrets britanniques. Sa mission est de protéger et rapatrier des parachutistes et des aviateurs alliés disséminés dans la campagne picarde quand leur avion avait été abattu par la DCA allemande. Arrêtée par la Gestapo en février 44, elle n’en sortira pas vivante.
Outre ses missions dans la résistance, Madeleine Michelis se distingue également en hébergeant une jeune juive dont le père a été déporté, avant de réussir à lui faire passer la ligne de démarcation pour l’envoyer chez des amis cultivateurs dans le Gers.
Le 29 octobre 1945, le général de Gaulle la nomme à titre posthume chevalier de la Légion d’Honneur. De nombreuses médailles lui seront décernées dans les années suivantes (Médaille de la Résistance, Médaille de la Liberté, Croix de Guerre, Médaille des Justes parmi les Nations).
A Neuilly, Madeleine Michelis a donné son nom à l’une des rues, mais aussi à une école primaire. La salle des professeurs du lycée Condorcet à Paris où elle fut élève porte aussi son nom, ainsi que le lycée d’Etat de jeunes filles d’Amiens, où elle a enseigné.
Princesse ou résistante, Pauline Borghèse et Madeleine Michelis ont chacune laissé leur nom sur des plaques de rue à Neuilly-sur-Seine. On regrette seulement que les noms de rues de Neuilly n’incarnent pas suffisamment les nombreuses anonymes ou non qui y ont vécu…
Et pourtant d’autres femmes ont marqué la Neuilly.
On pense notamment à :
- la Marquise de Montesson : propriétaire un temps du Château de Neuilly, à la fin du XVIe siècle, connue pour sa générosité et son amabilité
- Edith Gorce-Franklin, résistante aussi pendant la seconde guerre mondiale et femme politique : elle devient la première femme adjointe au maire de Neuilly en 1947
- Michèle Morgan, icône du cinéma Français qui a passé la plus grande partie de sa vie à Neuilly
COMMENT ATTRIBUE-T-ON UN NOM À UNE RUE ?
C’est le maire qui choisit ou non d’inscrire à l’ordre du jour les différentes propositions.
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